Bébé peut apprendre à s’endormir seul… sans pleurs

La hantise des jeunes parents qui aimeraient bien redormir la nuit, c’est de devoir laisser pleurer leur tout-petit pour qu’il apprenne à s’endormir seul. N’est-il pas possible d’amener son bébé à faire ses nuits, à s’endormir seul, sans passer par des pleurs insupportables ?

Spoiler alert : si, bien sûr !

Mais à écouter les conseils autour de soi, il ne semble y avoir que deux options. Répondre aux besoins nocturnes de son enfant sans limite de fréquence ou de durée, au prix de son propre épuisement s’il le faut. Ou claquer la porte et laisser pleurer Bébé jusqu’à ce qu’il abandonne… en espérant au passage que les voisins ne portent pas plainte avant que ça fonctionne !

Choix impossible pour tout parent normalement constitué, qui fait ainsi le lit de dépressions post-partum, de crises de couple et de parentalités abîmées à leurs tout débuts.

Heureusement, il existe bien une troisième voie, faite de nuance, de bon sens et de petits pas. Bébé peut faire ses nuits sans pleurs. Voyons comment !

Laisser pleurer : de quoi parle-t-on en fait ?

Avant toute chose, il faut clarifier de quoi on parle.

D’abord, si un nouveau-né n’a pas la maturité physiologique nécessaire pour dormir une douzaine d’heures la nuit sans réveiller ses parents, la plupart des bébés l’ont atteinte vers 3-4 mois. A partir de cet âge-là, il est raisonnable de souhaiter que Bébé fasse ses nuits et que ses parents, dont le sommeil nocturne est consolidé depuis des années, dorment à nouveau la nuit !

Mais en tant que nouveau parent, on a tellement peur de mal faire avec notre enfant qu’on accourt au moindre bruit. Et ce qui est pertinent à la naissance évolue à mesure que le nouveau-né devient un petit bébé. Là où le nouveau-né ne pleure que par besoin, le bébé de quelques mois commence aussi à exprimer des désirs, des préférences et des sentiments plus complexes qui ne relèvent plus du besoin. Bonne nouvelle : Bébé grandit !

Et à mesure que Bébé grandit, nous, parents, devons nous adapter. A ce stade, il ne faut plus chercher à éviter les pleurs à tout prix : c’est peine perdue. Alors posons quelques nuances sur ce dont on parle quand on parle de “laisser pleurer”.

Tous les pleurs ne disent pas la même chose

Commençons par “pleurer”, qu’est-ce que ça veut dire ? Hurler comme si c’était la fin du monde ? Chouiner de sommeil ? Pleurer de détresse et d’abandon ? Râler de mécontentement ? Les pleurs se diversifient rapidement et communiquent toute une palette d’émotions.

Et qui pleure ? Un nouveau-né de 22 jours ? Un bambin de 2 ans ? Un petiot en pleine acquisition de la marche ? Un bébé qui vient de démarrer la crèche ?

La parentalité n’est pas un monde tout noir ou tout blanc. Vous le sentez bien : selon l’âge de l’enfant, les actualités de la période, la nature des pleurs, la bonne réaction ne sera pas toujours la même. Et vous êtes aux premières loges pour décoder les pleurs de votre enfant dans leur contexte, au quotidien. A force que vous observiez Bébé, vous saurez ce qu’il signale quand il pleure.

Ne pas intervenir n’est pas ignorer son enfant

Apprendre à son enfant à s’endormir seul peut passer par un peu de résistance.

Bébé n’est pas ravi qu’on le laisse seul : il préfèrerait être dans les bras. Ou Bout’chou approche du terrible two et entend bien faire savoir qu’il est contre et archi-contre cette nouvelle politique de Papa-Maman !

Mais il ne s’agit pas d’abandonner son enfant, ni de le traumatiser.

Si vous êtes en train de lire cet article, vous êtes probablement un parent aimant, concerné, soucieux du bien-être de votre enfant… et du votre aussi. Et c’est à ce besoin-là que répond l’apprentissage de l’endormissement autonome.

Oui, dans certaines circonstances, il sera pertinent de temporiser votre intervention. En aucun cas, vous ne romprez un contrat moral de bons soins prodigués à votre tout-petit. Si votre enfant pleure à un moment ou à un autre, il faudra simplement prendre le temps d’évaluer son besoin plutôt que de rappliquer sans réfléchir.

Donc oui, il y aura des pleurs, non, ce n’est pas grave. Et non, vous ne serez pas un mauvais parent si vous ne vous ruez pas dans la chambre au moindre bruit.

Voyons maintenant comment réagir en pratique.

Gérer les pleurs au coucher

Acter la séparation

Lorsque vous essayez d’apprendre à Bébé à apprendre à s’endormir seul, vous êtes en fait confronté à une réalité simple et pourtant pas évidente : s’endormir, c’est se séparer.

Et se séparer de vous, Bébé n’en n’a aucune, mais alors aucune envie ! C’est normal : c’est codé dans ses gênes pour sa survie et celle de l’espèce. Mais ce que ses gênes ne savent pas, c’est qu’il n’y a pas de loup, de coyote ou de tigre en train de roder dans sa chambre. Il est en parfaite sécurité dans le lit où vous le couchez pour s’endormir. Et ça, vous, vous le savez. Vous devez donc le lui faire comprendre.

Comment ? Par l’exemple, en étant vous-même calme et serein quand vous le couchez à l’endroit que vous avez installé pour lui et qui, de fait, n’est pas vos bras.

Vous savez que vous allez vous séparer ET vous savez que tout va bien. A mesure que les couchers se répèteront, que Bébé vous verra tranquille à l’idée de le laisser dans son lit / dans la pièce d’à côté, il se rassurera progressivement.

Décomposer la séparation

Pour accompagner cette progression de son côté, vous pouvez aussi décomposer la séparation.

Pour un tout-petit, s’endormir dans un lit, une poussette, un transat est plus difficile que s’endormir dans les bras, porté. Parce qu’il n’y a pas de contact physique. Et s’endormir seul dans une pièce est plus difficile que s’endormir en votre présence.

Une fois qu’on prend conscience de ces différences, cela créé tout un nouveau champ des possibles pour échelonner l’apprentissage de l’endormissement autonome.

Et bien sûr, certains facteurs s’appliquent presque à tous les bébés, d’autres sont plus dépendants de ses préférences personnelles. Par exemple, s’endormir avec Papa ou Maman, avec une tétine, le pouce, un doudou ou rien du tout, prendre cette tétine mais pas une autre, caresser un tissu, dormir collé à un bord du lit, etc.

Partez de ce qui est facile pour votre enfant et mettez-le petit-à-petit dans des conditions d’endormissement plus proches de la cible mais plus difficiles pour lui à mesure qu’il progresse.

Je recommande souvent de rester 3 à 7 jours dans un contexte d’endormissement maîtrisé pour le consolider, avant d’introduire un nouveau degré de séparation.


Bébé ne fait pas ses nuits… et vous avez hâte ?

Il suffit parfois d’une idée, une astuce pour changer la donne. Donc chaque lundi, j’envoie exactement ça dans la newsletter Opération Dodo.
Et parce que votre temps est précieux, les emails se lisent en moins d’une minute.


Gérer les pleurs après le coucher

On pense spontanément aux pleurs au moment de coucher l’enfant, notamment en début de nuit. Mais quid des réveils nocturnes ? Comment réagir quand Bébé se réveille la nuit en pleurant ?

Etape 1 : temporiser

Première étape : il est urgent d’attendre !

Ne vous ruez pas sur votre bébé au moindre bruit. Les micro-éveils nocturnes sont normaux, y compris chez l’adulte. Si rien ne perturbe ce micro-éveil (froid, faim, envie d’uriner…), il est tout à fait possible qu’un nouveau cycle de sommeil démarre dans la foulée.

Donc ne perturbez surtout pas ce moment. Restez silencieux et immobile, tendez l’oreille pour déterminer si votre intervention sera nécessaire.

Il y a beaucoup d’effets bonus à cela. D’expérience, je retiens en particulier que s’il s’avère qu’il n’y a pas besoin d’intervenir, on se rendort d’autant plus facilement qu’on est resté au chaud sous la couette. Et s’il s’avère qu’il faut intervenir, on est mieux réveillé. Autant être alerte et adroit s’il faut faire un biberon, donner une tétée ou changer une couche !

Etape 2 : résoudre le problème

Deuxième étape, s’il faut intervenir : identifier et résoudre le problème. Qu’est-ce qui a réveillé Bébé ? Il a faim ? chaud ou froid ? besoin d’être changé ?

L’objectif est d’identifier le minimum nécessaire pour permettre un rendormissement puis un sommeil serein. Pourquoi le minimum ? Parce que chaque action que l’on fait contribue à réveiller Bébé et augmente la probabilité qu’il parte pour un cycle d’éveil. Vous avez envie de faire des gazouillis à 3h du matin ?

Par exemple, j’ai longtemps fait l’erreur de changer la couche à chaque repas nocturne, systématiquement. Mais si la couche n’est pas pleine, vous pouvez tester si Bébé peut se rendormir sans change. Parfois, il y aura un raté : Bébé se réveille à nouveau 15 minutes plus tard, ou la couche déborde au pipi suivant, ou vous constatez un érythème fessier le lendemain. Mais souvent, Bébé pourra faire un cycle ou deux de plus sans conséquence négative. Et tout le monde y aura gagné en qualité de sommeil sur cette nuit et en habitude de consolidation du sommeil pour les prochaines.

Etape 3 : rendormir Bébé

Une fois la cause du réveil résolue, il faut se rendormir. On remet Bébé au calme et on applique le processus d’endormissement du moment.

A ce moment-là, tout ce qui n’a pas contribué à réveiller Bébé plus nous aide. Avoir tamisé la lumière plutôt que de l’allumer pleinement. Avoir chuchoté plutôt que parlé normalement. Avoir gardé les yeux fermés pendant la tétée plutôt qu’avoir interagi franchement avec son tout-petit.

Le processus d’endormissement peut aussi souvent être un peu allégé par rapport à celui du coucher initial, parce que Bébé est plus près de son sommeil. Il a donc probablement besoin de moins d’accompagnement à ce moment-là. Profitez-en !

Ensuite, à vous de vous rendormir… du sommeil du juste : vous avez fait votre job de parent.


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Il existe une voie équilibrée. Vous n’avez pas à choisir entre des nuits blanches sans fin et laisser votre bébé pleurer sans réconfort. Le juste milieu repose sur une idée simple : le sommeil autonome s’apprend petit à petit. Il demande du temps, des ajustements, et parfois un peu d’inconfort pour votre enfant comme pour vous.

Mais ça ne fait pas de vous un mauvais parent. Au contraire, vous posez les bases d’un sommeil de qualité dans la durée pour toute la famille. Autorisez-vous à expérimenter, à ajuster selon les besoins de votre bébé et les contraintes de votre quotidien, et à préserver votre propre repos, sans culpabilité !

A lire aussi sur le sommeil de Bébé

Mes sources

Réseau Morphée

Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) & Candide Baby Group

Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV)

Esthel O.

  • Les secrets d’un sommeil autonome. [Ebook auto-publié en 2021 sur reverseveiller.com]
  • Donner un rythme à bébé de 0 à 6 mois. [PDF partagé en 2020 sur reverseveiller.com]

FAQ

Est-ce qu’un bébé peut vraiment apprendre à s’endormir seul sans pleurs ?

Oui, un bébé peut apprendre à s’endormir seul sans passer par des pleurs intenses. Il existe un juste milieu entre les nuits blanches et le laisser pleurer : un accompagnement progressif, où l’on aide Bébé à acquérir l’endormissement autonome pas-à-pas, en le guidant tout en respectant son rythme.

À partir de quel âge un bébé peut-il apprendre à s’endormir seul sans pleurs ?

Dès 3 à 4 mois, une majorité des bébés ont la maturité physiologique nécessaire pour s’endormir et se rendormir seuls, et ainsi faire leurs nuits. On peut donc mettre en place un contexte favorable à l’établissement des nuits complètes dans les semaines qui précèdent.

Est-ce que l’endormissement autonome fonctionne avec tous les bébés ?

Oui, tous les bébés n’ont pas le même rythme, mais chacun peut progresser vers plus d’autonomie en matière de sommeil. Il faut s’adapter à l’enfant et avancer à son rythme.

Combien de temps faut-il pour que Bébé apprenne à s’endormir seul ?

Cela dépend de chaque enfant. Certains dorment seuls en quelques jours, d’autres mettent plusieurs semaines. En général, cela se fait en moins d’un mois avec la bonne approche. L’important est d’avancer pas-à-pas et de consolider chaque étape.

Comment aider son bébé à s’endormir seul progressivement ?

Il faut y aller par étapes. Commencez par décomposer les conditions d’endormissement : contact physique, présence, silence… Partez de ce que Bébé accepte facilement (s’endormir porté, par exemple), puis avancez par petits pas vers plus d’autonomie, avec 3 à 7 jours de consolidation à chaque étape.

Faut-il utiliser une tétine ou un doudou pour favoriser l’endormissement autonome ?

Ce n’est pas obligatoire, mais cela peut aider. Certains bébés trouvent du réconfort dans une tétine, un doudou, un tissu à caresser… Observez ce qui apaise votre enfant et encouragez ces repères rassurants si cela fonctionne pour lui et que cela vous convient.

Faut-il toujours intervenir dès que Bébé pleure la nuit ?

Non, pas toujours. Tous les pleurs ne nécessitent pas une intervention immédiate, surtout à partir de 3-4 mois, âge où les bébés sont généralement prêts à faire leurs nuits. Il est utile d’écouter quelques instants pour distinguer un vrai besoin d’un simple bruit ou d’un changement de cycle. Cela peut permettre à Bébé de se rendormir seul et de mieux consolider son sommeil.

Que faire si Bébé pleure dès qu’on le pose dans son lit ?

Si vous savez qu’il est confortablement installé et en sécurité dans son lit, commencez par ne rien faire : vous êtes serein, montrez-le lui. Ensuite, intervenez le moins possible mais juste assez pour le remettre au calme. Par exemple, ne le prenez pas si lui caresser le torse ou poser votre main sur son front suffit à l’apaiser. Ainsi vous l’aidez, pile de ce dont il a besoin.

Comment gérer les pleurs lors des réveils nocturnes ?

Commencez par temporiser : un bébé peut se rendormir seul après un micro-éveil. S’il continue de pleurer, identifiez la cause (faim, inconfort, couche sale…) et réglez-la sans trop stimuler. Puis replacez Bébé dans un environnement propice au rendormissement (obscurité, calme, gestes lents).

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