Crevasse d’allaitement : comment gérer ?
Si vous êtes arrivé(e) sur cette page, je compatis. J’ai allaité deux fois et ai bien connu cette douleur. Quand la crevasse d’allaitement est là, il y a urgence à la faire disparaître. Puis vient le temps du “plus jamais ça”. Alors comment soigner, soulager et éviter les crevasses d’allaitement ?
Qu’est-ce qu’une crevasse ?
Pour la soigner, il faut avant tout comprendre ce qu’est une crevasse d’allaitement.
Malgré la fragilité apparente de votre nouveau-né, la force qu’il exerce sur votre sein et en particulier sur votre téton est très importante. La succion fonctionne par aspiration. Votre bébé aspire le lait à travers de très petits canaux qui arrivent jusqu’à votre téton. Il doit tirer fort pour y arriver.
Fort, vraiment ? Fort comment ? Lorsque nous avions introduit le biberon un peu plus tard avec mon fils, j’avais quelques fois testé d’y boire pour vérifier que cela coulait bien. Eh bien, j’avais été surprise de devoir tirer autant. Pourtant, il s’agissait là d’un biberon, dont le débit est supérieur à celui du sein. Faites le test à l’occasion !
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Bref, Bébé tire si fort sur le téton que la peau craque. La crevasse est une plaie, une petite déchirure de la peau du téton. Sur une zone si sensible, pas étonnant que ça fasse si mal !
Pourtant, nous n’avons pas toutes, pas toujours, pas tout le temps des crevasses. Pourquoi cela ? Parce que la peau ne craque que lorsque le téton est étiré dans une forme qui n’est pas la bonne.
La crevasse d’allaitement est donc le signe que la position du téton dans la bouche de Bébé n’est pas la bonne. Maintenant que la cause du problème est bien identifiée, vous allez pouvoir le solutionner.
Etape 1 : Pause ! On s’organise d’ici la prochaine tétée
Si vous avez des crevasses, il y a trois urgences à gérer avant la prochaine tétée (ou presque) :
- Décider si vous souhaitez (tenter de) poursuivre l’allaitement
- Interrompre ce qui génère les crevasses
- Soulager les douleurs installées.
Décider de la suite de l’allaitement
Née dans une famille où par défaut, les mamans allaitent, il était naturel pour moi de décider d’allaiter mon premier-né. C’est donc ce que j’ai fait.
Après trois semaines de douleurs aux tétons intenses et dont je ne voyais pas la fin, les cartes étaient rebattues. Je ne pouvais pas donner le sein (~30 minutes 12 fois par jour) sans avoir les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas effleurer mes tétons sans reculer. L’allaitement est difficilement tenable dans ces conditions.
Il est très à la mode d’inciter les mères à allaiter. C’est “le meilleur pour votre enfant”. (C’est vrai. Toutefois, en France, l’alternative est très acceptable en termes sanitaires, psychologiques, etc.). Par ailleurs, on oublie trop facilement que la mère aussi a le droit à de la considération. Vivre un calvaire de douleurs en début de post-partum a aussi des impacts négatifs sur le vécu et la psychologie de la jeune mère, sur la création du lien maman-bébé, etc.
Avant toute chose, sachez pourquoi vous souhaitez allaiter et dans quelles conditions.
Ensuite, n’acceptez plus la douleur comme une fatalité. La douleur est un indicateur. Vous n’avez pas pour devoir maternel de vous sacrifier à cette douleur. Définissez le seuil de la douleur que vous acceptez. Celle que vous acceptez d’endurer pendant 10 secondes, pendant 3 minutes, pendant 3 jours. La fameuse échelle de 1 à 10, qui n’a pas besoin d’être objective pour être utile, m’a aidée à :
- me représenter ces douleurs acceptables
- parler de la douleur avec Guillaume
- apprécier la réduction progressive de la douleur au fil des jours.
Lorsque vous décidez d’allaiter / de poursuivre l’allaitement ou non, vous prenez en compte tous les aspects de cette décision. C’est pour cela que c’est votre choix. C’est pour cela que votre décision est la bonne.
Travailler le geste de tétée de Bébé
Si vous choisissez de (tenter de) poursuivre l’allaitement malgré les crevasses, la première étape est d’interrompre la cause des crevasses. Vous devez donc corriger la position de votre téton dans la bouche de Bébé. Comment faire ?
- Re-décomposez la mise au sein : installer Bébé / former le sein / mettre Bébé au sein. Faites-le à chaque tétée. Le jour… et la nuit aussi. A demi-endormie, épuisée de fatigue, il est si tentant de bâcler la mise au sein. Ne cédez pas, accrochez-vous quelques jours, cela en vaut la peine.
- N’acceptez plus la douleur pendant la tétée. Si la tétée reste douloureuse quelques secondes après la mise au sein, interrompez la succion et recommencez la mise au sein. Vous êtes en train d’apprendre les gestes pour allaiter, et Bébé est en train d’apprendre les bons gestes pour téter. Essayer, échouer et recommencer fait partie du processus. Plus vous pratiquerez la mise au sein, meilleurs vous deviendrez tous les deux.
- Variez les positions. Changer les positions d’allaitement varie l’endroit du téton qui est le plus étiré le temps que Bébé apprenne le bon geste. Cela peut stabiliser l’état d’une crevasse. Personnellement, j’aime et utilise surtout la position de la madone, que je trouve simple et efficace. A l’arrivée de P’tite Nana, j’ai naturellement repris mes marques avec cette position. Une petite crevasse faite lors de la première tétée empirait petit à petit. C’est varier les positions qui a permis d’enclencher sa guérison.
- Faites-vous aider. Une tétée accompagnée peut résoudre rapidement des problèmes simples. Il est possible que vous passiez à côté alors qu’un regard extérieur et reposé le verra tout de suite. Les consultantes en lactation sont souvent citées mais pas forcément accessibles. Je vous recommande de vous tourner vers la PMI (centre de protection maternelle et infantile) la plus proche de chez vous. L’accueil y est humain, compétent et gratuit. C’est une aide à ne pas négliger !
Soulager la douleur
La douleur est un indicateur, rien de plus, rien de moins. Nul besoin de souffrir le martyr une fois que l’on sait que l’on a des crevasses. Si le paracétamol vous soulage encore, n’hésitez pas. Il va réduire la force de l’indicateur, pas le faire disparaître totalement.
Trois semaines après la naissance de P’tit Gars, enchaîner comprimé après comprimé me permettait juste d’avoir un répit entre les tétées. Les douleurs pendant les tétées restaient très exploitables (les larmes aux yeux, disais-je) en tant qu’indicateurs de qualité de la position du téton.
Ne craignez pas non plus de “devenir addict” : quand les douleurs commenceront à s’estomper, vous commencerez tout simplement à oublier d’en reprendre.
Etape 2 : Soigner la crevasse d’allaitement
L’étape 1, c’était ce qu’il fallait faire avant la prochaine tétée, pour l’aborder correctement. L’étape 2 consiste à soigner la crevasse d’allaitement. Cela se passe après et entre les tétées.
Juste après la tétée, il faut toujours :
- rincer la crevasse ou l’essuyer à l’eau claire pour retirer toute la salive de votre bébé
- faire perler une goutte de lait et l’étaler sur le téton. Le lait a des propriétés cicatrisantes, c’est le moment de les exploiter !
- laisser sécher cette goutte de lait.
Ensuite, d’ici la prochaine tétée, il existe deux méthodes pour aider la crevasse d’allaitement à cicatriser : maintenir la plaie au sec ou maintenir la plaie dans l’humidité.
Faire cicatriser la crevasse d’allaitement en milieu sec
La cicatrisation en milieu sec consiste à garder la plaie au sec après la tétée.
Rien de plus à faire une fois le téton rincé et enduit d’une goutte de lait qui a séché en quelques secondes à l’air libre.
En revanche, il est important d’avoir des soutien-gorge en coton (respirants) et de changer ses vêtements rapidement en cas de fuite de lait pour que le téton reste bien au sec.
Dans mon cas, c’est la cicatrisation en milieu sec qui a toujours fonctionné. Si cela ne marche pas pour vous, la cicatrisation en milieu humide peut être la solution.
Faire cicatriser la crevasse d’allaitement en milieu humide
La cicatrisation en milieu humide consiste à s’assurer que la crevasse d’allaitement ne sèche pas.
Vous pouvez la couvrir d’un film gras. La lanoline (une préparation à base de graisse de laine de mouton) est le produit tout indiqué pour cela. Attention, il faut n’en mettre que très peu et n’oubliez pas d’utiliser des coussinets d’allaitement car les tâches de lanoline sont très difficiles (impossibles dans mon expérience) à rattraper tant le produit est gras.
Vous pouvez aussi faire des compresses de lait maternel en imbibant un coussinet d’allaitement d’un peu de votre lait en fin de tétée.
Vous laissez l’une ou l’autre des préparations en place jusqu’à la tétée suivante et pouvez donner le sein sans préparatif particulier (pas besoin de nettoyer par exemple).
Pour ma part, la cicatrisation en milieu humide n’a jamais vraiment fonctionné même si déposer un tout petit peu de lanoline sur le téton abîmé était plus agréable entre deux tétées.
Gérer la crevasse d’allaitement… et pas que !
Une fois les étapes 1 et 2 accomplies, vous avez géré l’urgence. Bravo !
Ceci dit, il est probable que le contexte difficile du post-partum soit en partie responsable de l’intensité avec laquelle vous avez ressenti les douleurs des crevasses. Supporter une douleur, c’est une chose. La supporter en étant à bout de fatigue, d’énergie, de nerfs et en plein yoyo hormonal, c’en est une autre complètement !
J’ai pour ma part trouvé incroyable à quel point on est peu prévenus, peu préparés à ce qui se passe pendant le post-partum…
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Maintenant, venons-en à la dernière étape pour se débarrasser de ces maudites crevasses !
Etape 3 : Prévenir le retour des crevasses d’allaitement
Quand vous aurez réussi à soigner vos crevasses, la prévention de leur retour vous viendra naturellement. Vous saurez déjà tout ce qu’il faut faire pour les éviter :
- Etre attentive aux douleurs et ne pas les accepter
- Exiger que Bébé prenne correctement le téton dans la bouche, quitte à recommencer la mise au sein ou varier la position
- Soigner vos tétons juste après les tétées
Enfin, note pour les à-nouveau-maman–à-nouveau-allaitante: vous avez déjà allaité et savez faire. Nouveau-Bébé, lui, n’a pas votre expérience. Il devra apprendre de zéro et risquera de vous blesser à son tour. Faites particulièrement attention à la première tétée. En salle de naissance, encore un peu sous le choc de l’accouchement, on est mal installée et si prête à tout accepter de ce tout-petit qui vient tout juste de sortir. Ne vous laissez pas faire. Gardez votre exigence expérimentée pour la mise au sein, veillez à être bien installée, refusez de vous faire presser par un personnel formé à inciter à la première tétée. Cette tétée en est une parmi d’autres, elle pourrait vous blesser autant que les autres, soyez vigilante.
Pour aller plus loin
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