Pourquoi tant de fatigue dès le début de la grossesse ?
A peine enceinte et vous voilà KO. Dès 21h, difficile de garder les yeux ouverts. Pourquoi tant de fatigue dès le début de la grossesse ? Est-ce normal ?
Pas d’inquiétude, même si vous n’étiez pas prévenue, la grossesse fatigue beaucoup, dès le tout début. C’est parfois même un des premiers symptômes qui mettent la puce à l’oreille !
“Les troubles du sommeil sont plus fréquents chez la femme enceinte et augmentent avec l’avancée de la grossesse. Ceux-ci sont liés généralement aux modifications physiologiques et aux facteurs psychologiques.”
“Le National Sleep Foundation recommande 7 à 8 heures de sommeil par 24 heures chez les adultes. Avant la grossesse, 67% des femmes de notre population dormaient en moyenne entre 7 et 8 heures par nuit alors que pendant la grossesse, seulement 38% dorment entre 7 et 8 heures.”
Source : Agathe CARON. École de sages-femmes, CHU de Rouen. Mémoire « Le sommeil chez la femme enceinte », août 2019
Pourquoi cette fatigue et ce sommeil perturbé pendant la grossesse ? Comment gérer ça au quotidien ?

Fatigue et grossesse : des facteurs bien connus
La grossesse fatigue le corps…
Pendant la grossesse, le métabolisme de base augmente de 15 à 30 %. Nous avons 15 à 30% de besoins énergétiques supplémentaires. Pourquoi ?
Un quart de cette augmentation sert à répondre aux besoins accrus du travail supplémentaire du cœur et des poumons. Les trois quarts restants sont destinés à fournir l’énergie nécessaire à l’unité fœto-placentaire en développement. En bref, 1/4 pour Maman, 3/4 pour Bébé !
… et perturbe le sommeil de la femme enceinte
Impact de la progestérone
La progestérone augmente considérablement dès le début de la grossesse. Son rôle est de maintenir la grossesse par différents effets : développement de l’endomètre, inhibition de l’ovulation et des muscles lisses… Pour cela, elle agit comme un anxiolytique, ce qui provoque aussi un effet sédatif. Cela explique que vous vous sentiez plus somnolente en journée et ayez besoin de nuits plus longues.
Réduction des voies aériennes
Sous l’effet des œstrogènes et de la progestérone, une réduction de la taille des voies aériennes supérieures apparaît dès le début de la grossesse. Cela contribue à la sensation d’essoufflement et peut impacter la qualité du sommeil. On dort mieux si on respire bien !
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Inconforts physiques de grossesse
Nausées, remontées acides et mictions fréquentes (on dit “pollakiurie” dans la littérature scientifique) font partie des joyeusetés discrètes de la vie de femme enceinte.
Les nausées sont connues pour leur timing matinal, mais une fois enceinte, on découvre qu’elles s’invitent en fait à toute heure du jour… voire de la nuit. A cause d’une odeur forte, d’une sensation de faim, d’une évocation ou même sans raison apparente. Les remontées acides, quand on en a, sont majorées en position allongée. Et les envies d’aller au petit coin peuvent vous réveiller la nuit à mesure que l’utérus fait de la place à Bébé au détriment de votre vessie.
Bref, enceinte, on ne manque pas de choix parmi les raisons de se réveiller en pleine nuit. On s’en serait bien passées, bien sûr !
Inconforts psychologiques
La grossesse est un moment de grand changement, cela va sans dire ! En pratique, en termes de construction psychologique et dans les sujets sur lesquels on se forme subitement (comment se passe un accouchement, comment s’occuper d’un nouveau-né, etc.) : la grossesse remue plein de choses.
Il est donc naturel que des questionnements voire des angoisses (merci la peur de la fausse couche ou des rendez-vous médicaux à répétition) viennent peupler nos pensées et nos rêves. Comme si les raisons hormonales et physiques ne suffisaient pas… votre sommeil peut tout simplement être impacté par votre réalité bousculée de futur parent !
Et en pratique ?
Marmotte au premier trimestre de grossesse…
Un locataire discret mais fort gourmand
Au premier trimestre, l’embryon ne mesure que quelques millimètres puis quelques centimètres. Sa capacité à pomper l’énergie de sa maman est donc d’autant plus impressionnante.
Plusieurs amies ou collègues m’ont parlé en riant de « vampire » ! De notre côté, pendant mes deux grossesses, Guillaume et moi nous disions que la grossesse consommait 20 à 30 % de mon énergie habituelle au premier trimestre. Cohérent avec l’augmentation du métabolisme de base !
Concrètement, cela se manifestait pour moi par un manque d’énergie général en journée, parfois des coups de barre plus violents que d’habitude et surtout, une somnolence intense à partir du début de soirée.
S’adapter le temps que ça passe
Il est probable que vous ne teniez pas votre rythme habituel pendant quelques semaines. Il faut donc choisir la manière de récupérer de l’énergie. En effet, c’est plus simple de l’accepter et de s’organiser en fonction de cette nouvelle donnée du quotidien plutôt que de forcer les choses.
Pour ma part, j’ai accepté pendant quelques semaines que mes soirées soient moins productives et d’aller me coucher environ 2 heures plus tôt que d’habitude un soir sur deux ou trois. Des siestes peuvent également être une bonne manière de faire, si vous avez la possibilité d’organiser un véritable temps de sommeil en cours de journée.
Cette fatigue exceptionnelle s’estompe généralement vers la fin du premier trimestre, surtout si vous en avez tenu compte et adapté votre quotidien pour permettre à votre corps de récupérer autant qu’il en avait besoin.
Le deuxième trimestre est habituellement moins fatigant, bien que certains désagréments (reflux, sciatique, etc.) puissent gêner le sommeil. Les choses se compliquent à nouveau en fin de grossesse, pour d’autres raisons.

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… et oiseau de nuit au troisième trimestre
Au troisième trimestre, une majorité de femmes constate des difficultés à s’endormir, des réveils nocturnes, des réveils précoces ou une sensation de sommeil non réparateur. Vous n’êtes pas seule !
Et pour cause : plusieurs facteurs défavorables à un sommeil consolidé et réparateur se réunissent en fin de grossesse.
Effet de la prolactine
La prolactine a pour rôle premier de mettre en place et maintenir la lactation. Mais elle facilite aussi la transition veille-sommeil : elle aide à s’endormir mais aide aussi à se réveiller. Utile pour nourrir son nouveau-né toutes les 2-3h la nuit ! Or la production de prolactine est plus importante de nuit que de jour. Ainsi le sommeil nocturne se fragmente volontiers à mesure que les taux de prolactine augmentent.
Néanmoins, l’espoir est permis : vous vous rendormirez aussi plus facilement que d’habitude après ces réveils inopinés. Pour ma part, je me réveillais 1 à 3 fois par nuit, mais je m’endormais dès que ma tête touchait l’oreiller, ce qui ne m’était jamais arrivé avant !
Gênes respiratoires
L’utérus grandissant laisse de moins en moins de place aux poumons. Respirer à fond est donc moins facile.
En parallèle, les muqueuses des voies respiratoires se développent sous l’effet de la progestérone. Elles y réagissent de la même manière que la muqueuse utérine ! Et concrètement, vous vous sentez encombrée.
Gênes physiques diverses et variées
En fin de grossesse, le volume du ventre devient vraiment gênant pour trouver sa position pour dormir. De même, les réveils pipi sont d’autant plus fréquents que la vessie est comprimée. On peut aussi avoir des douleurs dans les reins, les jambes ou du reflux. Enfin les contractions utérines (de Braxton-Hicks) sont de plus en plus présentes et gênent un sommeil réparateur.
Soulager chaque gêne pour réduire leur impact
La dégradation de votre sommeil en fin de grossesse est donc prévisible, mais ce n’est pas une fatalité. Il suffit parfois d’un coussin entre les genoux ou d’un bon mouchage avant de se coucher pour préserver l’essentiel de son sommeil.
Évidemment, n’hésitez pas à en parler avec la personne qui vous suit si vous avez besoin d’un coup de main pour continuer à bien dormir d’ici la naissance. Votre bébé saura bien se charger de vous réveiller toute la nuit à partir de là !
FAQ sur la fatigue pendant la grossesse
Parce que votre corps travaille énormément ! Le métabolisme de base augmente jusqu’à 30 %, les hormones comme la progestérone provoquent une somnolence accrue, et les changements physiques et psychiques mobilisent beaucoup d’énergie. C’est une réaction normale à la grossesse.
Les réveils nocturnes sont très fréquents pendant la grossesse. Ils sont dus à une combinaison de facteurs : inconfort physique (envie d’uriner, reflux, douleurs), modification des hormones (comme la prolactine), respiration plus difficile ou encore pensées envahissantes liées à la grossesse.
Oui, les siestes sont souvent bénéfiques pendant la grossesse. Si vous ressentez une somnolence intense en journée, une sieste de 20 à 30 minutes peut améliorer votre énergie sans perturber votre sommeil nocturne. Écoutez votre corps et adaptez votre emploi du temps autant que possible.
Oui, il est possible d’améliorer son sommeil dès le début de la grossesse. La clé est d’accepter cette fatigue temporaire et d’ajuster son rythme : se coucher plus tôt, faire des siestes si possible, éviter les écrans le soir, manger léger au dîner. Un environnement calme et sombre favorise aussi l’endormissement.
Quand le sommeil devient difficile, il faut chercher à soulager chaque gêne pour limiter leur impact cumulé. Un coussin d’allaitement, une bonne position, un mouchage ou un dîner plus léger peuvent faire la différence. Il ne faut pas hésiter à parler de ces troubles à la personne qui vous suit, notamment si vous ressentez une grande fatigue persistante.
Non, pas tout de suite. Le sommeil après l’accouchement reste perturbé par les besoins du nourrisson (tétées nocturnes, pleurs, etc.). Toutefois, certaines femmes retrouvent une meilleure qualité de sommeil malgré les réveils fréquents, notamment grâce aux effets persistants de la prolactine qui facilitent l’endormissement.
Non, la fatigue n’est pas un indicateur fiable du sexe de l’enfant. Il n’existe aucun fondement scientifique à l’idée que le niveau de fatigue ressenti pendant la grossesse serait lié au fait d’attendre une fille ou un garçon.
A lire en début de grossesse
Mes sources
- Agathe CARON. École de sages-femmes, CHU de Rouen. Mémoire « Le sommeil chez la femme enceinte », août 2019
- Pr. Françoise PARIS. Faculté de médecine, Université de Montpellier. Cours « Hormonologie de la grossesse et de la lactation », 2019-2020
- Campus numériques Cerimes – Cours « Modifications physiologiques de la grossesse », mars 2011
- Isabelle LACROIX. Université de Toulouse. Thèse « Pharmacovigilance chez la femme enceinte : aspects maternel et néonatal (exemple des substances psychoactives) », présentée et soutenue le 12 juin 2009
- HAS – Recommandations professionnelles « Comment mieux informer les femmes enceintes ? », avril 2005
- National Sleep Foundation. Recommandations “National Sleep Foundation’s updated sleep duration recommendations: final report”, publiées le 31 octobre 2015
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