Alimentation de la femme enceinte : s’approprier les recommandations

Projet bébé ou grossesse en cours ? Vous avez sûrement déjà entendu des femmes enceintes se plaindre de n’avoir le droit de rien manger. Vous craignez un peu ou vous ne vous en sortez plus des recommandations pour l’alimentation de la femme enceinte ?

Il me semble qu’on fait souvent de ce sujet quelque chose de plus complexe qu’il n’est. Alors voici quelques unes de mes clés pour vous y retrouver !

Manger enceinte : adieu champagne, sushis, fromages !

SuperCopine se languit de remanger des sushis. BelleSoeur n’en peut plus de se priver de ses fromages préférés. Et CollègueFun ne vient plus aux afterworks parce que c’est trop frustrant de s’en tenir au Perrier-rondelle ?

Franchement, être enceinte a l’air super contraignant côté plaisirs gourmets !

C’est vrai, la liste des aliments interdits ou non recommandés est longue et même difficilement mémorisable. La preuve en est la multiplication des sites et applis recensant si vous pouvez manger de la buffala ou du bacon.

Mais tout cela n’est compliqué que parce que ce n’est pas la bonne méthode ! Les recommandations qui s’appliquent à l’alimentation de la femme enceinte ne sont pas si difficiles à retenir avec les bonnes explications.

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L’alimentation de la femme enceinte, c’est pas si compliqué

Pour commencer, c’est ma généraliste qui m’a conseillé la source la plus efficace que j’ai trouvé sur le sujet pendant mon premier examen prénatal : le site Gestaclic.fr. Il s’agit d’une aide au suivi de grossesse par les médecins généralistes qui est également ouvert au grand public. Le site a été produit et mis en ligne dans le cadre du travail de thèse de futurs docteurs et est à ce titre hébergé par le Département de Médecine Générale de l’Université Paris 7 Diderot.

La fiche conseil sur l’hygiène alimentaire pendant la grossesse se veut claire et simple… et de fait, c’est beaucoup de bon sens.

Voilà comment on arrive à 6 principes faciles à retenir :

A la lecture de cette liste, je peux imaginer deux réactions de votre part :

“Mais pourquoi diable mangerais-je de la terre ?” –> On est d’accord, j’y reviens donc. 🙂

“Bon ben finalement, c’est pas très loin de ce que je fais déjà…” –> Bingo ! Vous voyez, c’est pas si compliqué.

En tant que femme enceinte, j’ai trouvé qu’on avait beaucoup d’a priori qui rendaient le début de la grossesse plus compliqué que nécessaire. C’est même une des raisons d’être de ce site et de mon livre.

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Revenons maintenant au sujet de la terre… et plus globalement aux raisons de ces recommandations alimentaires.

Pourquoi ces recommandations sur l’alimentation de la femme enceinte ?

Pour prévenir trois maladies

Elles tiennent pour l’essentiel à la prévention de trois maladies de fréquence variable mais qui ont en commun deux choses :

1. d’avoir des conséquences sérieuses à fatales pour le futur enfant si vous êtes infectée en cours de grossesse,
2. d’être facilement évitées.

Comme il vaut mieux prévenir que guérir (surtout quand on en guérit peu ou pas), prévenons !

De quelles maladies parlons-nous ?

Ces trois maladies sont la toxoplasmose (celle pour laquelle vous faites une sérologie au premier trimestre de grossesse pour savoir si vous êtes immunisée et actuellement infectée ou non), la salmonellose et la listériose.

Le tableau ci-dessous récapitule de quoi il s’agit, à quel point elles sont fréquentes et graves et comment on peut se faire contaminer :

Quand vous lisez où se trouvent les risques d’exposition pour ces trois maladies, vous comprenez d’emblée les raisons des trois principes suivants :

• Cuire ses aliments d’origine animale ;
• Veiller à ne pas consommer de terre par inadvertance ;
• Respecter une hygiène alimentaire normale : se laver les mains, conserver les aliments au réfrigérateur, nettoyer le réfrigérateur régulièrement.

Quid des trois autres principes pour l’alimentation de la femme enceinte ?

Pour rappel, il s’agit de :

• Manger équilibré, ne pas faire d’excès ;
• Ne pas consommer d’alcool, de tabac, de drogues ;
• Ne pas manger deux fois plus.

Il y a deux grandes raisons à ces recommandations :

• d’une part, être en bonne santé, apporter tous les nutriments nécessaires à son corps qui fournit un effort particulier ;
• d’autre part, éviter les substances nocives qui atteignent le fœtus et pourraient elles aussi lui causer des dommages graves voire fatals.

NB : jusqu’ici, j’ai cherché sans trouver d’études factuelles et fiables sur les quantités d’alcool acceptables. Il semblerait que des lèvres trempées exceptionnellement dans un verre soient sans impact et que l’alcoolisme soit responsable de dommages à long terme… mais entre les deux, le curseur n’est pas officiellement placé. Par précaution, on recommande donc aujourd’hui l’abstinence complète.

NB2 : si vous connaissez une étude pertinente sur le sujet, n’hésitez pas à la signaler en commentaire !

Comment tenir 9 mois (et plus) ?

Maintenant que le quoi et le pourquoi sont clarifiés, je vais aborder le comment. Et pour cela, je vais moins parler d’études scientifiques et plus de retour d’expérience. Comment faire pour tenir tout ce temps ?

Avant tout, de combien de temps parlons-nous ?

Ces recommandations valent pendant toute la grossesse, de la conception à l’accouchement.

Oui, mais. D’une part, on est souvent enceinte au moins quelques jours sans le savoir en début de grossesse. Donc faut-il appliquer ces recommandations dès les essais bébé ? D’autre part, après l’accouchement, certaines recommandations restent-elles valables ?

Concernant les essais conceptionnels, c’est un peu comme chacun veut. Il n’y a pas de recommandation forte sur le sujet.

Pour ma part, je trouve assez lourd psychologiquement d’agir comme une femme enceinte au moment où j’espère tomber enceinte. Donc pour vivre au mieux cette période-là, je n’applique pas les restrictions alimentaires. Je respecte pour autant l’interdit sur l’alcool. Les risques me font peur personnellement et comme je bois déjà peu (surtout ces dernières années où j’ai enchaîné deux grossesses et deux allaitements pour des enfants rapprochés), ça ne me coûte rien psychologiquement. Pour le reste, je ne fume pas et ne me drogue pas, donc c’est facile !

Concernant le post-partum, la seule recommandation qui perdure, en cas d’allaitement, c’est celui sur l’alcool, le tabac et les drogues, avec des tolérances et un suivi médical adaptés en cas de comportement addictif, comme pendant la grossesse en fait.

Clé #1 : se laisser surprendre par votre corps pendant la grossesse

Les nausées matinales du début de grossesse, vous en avez entendu parler ? Eh bien, outre le fait qu’elles ne sont pas forcément que matinales et pas forcément qu’en début de grossesse (génial !), elles sont surtout révélatrices du fait que votre corps et sa sensibilité évoluent pendant la grossesse.

Résultat, peut-être que votre carpaccio adoré ou les œufs au plat du brunch du dimanche matin ne vous feront plus du tout envie, une fois enceinte.

Trop fort, le corps : il vous soufflerait de lui-même les aliments à éviter ! Dans mon expérience, j’ai constaté qu’il pouvait aussi souffler les aliments dont vous avez besoin (envies de salade et de haricots verts en début de grossesse pour apporter l’acide folique nécessaire, bonjour !).

Bref, les frustrations dépendent des envies et ces envies pourraient changer pendant la grossesse. Donc ne vous prenez pas la tête si vous n’y êtes pas encore, vous verrez ce qu’il en est sur le moment !

Clé #2 : se laisser surprendre par votre tête pendant la grossesse

En parlant de votre tête, elle aussi pourrait vous surprendre.

Etre enceinte, c’est bien plus de choses que de gérer son menu. Bien sûr, il peut y avoir des frustrations, mais il y aura aussi des joies infinies, des inquiétudes qui durent toujours trop longtemps, des remises en question complètes de votre vie…

Tous ces évènements sont susceptibles d’occuper le devant de la scène de ce qui se passe dans votre tête. Les frustrations alimentaires vous sembleront peut-être mineures à côté de tout cela. Sans qu’elles ne s’effacent, ce n’est probablement pas ce qui primera dans votre vécu de la grossesse.

Clé #3 : se projeter

Dernière clé, moins marrante mais potentiellement très efficace si les deux premières ne suffisent pas : se projeter. Vous demander comment vous réagiriez si…

Quand j’étais très tentée par un aliment non recommandé après plusieurs mois d’abstinence, je me demandais : « Si jamais je chope une maladie aujourd’hui à cause de ce plat et que cela a des impacts lourds sur notre bébé, comment est-ce que je le vivrai ? »

La réponse est propre à chacun et dépend notamment de votre rapport au risque. En ce qui me concerne, avec ma propension à culpabiliser pour des riens, la tentation ne survivait pas à ce questionnement.

L’alimentation de la femme enceinte en synthèse ?

Si on résume, mon message aux femmes enceintes ou qui le seront peut-être bientôt, c’est :

Rassurez-vous ! Les recommandations alimentaires pendant la grossesse ne sont ni aussi compliquées ni aussi frustrantes que ce qu’on dit souvent. Avec les six principes évoqués en tête, vous vous retrouverez libérée de ces recommandations avant de vous en rendre vraiment compte.

(Véridique : grande fan de sushis, je pensais que je n’attendrais que ça pour mon premier repas post-accouchement… Finalement, on en a commandé un peu par hasard presque deux semaines plus tard !)

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Mes sources sur l’alimentation de la femme enceinte

Mes principales sources pour cet article sont les suivantes :

• Gestaclic – en particulier sa fiche sur l’hygiène alimentaire pendant la grossesse
• Recommandations professionnelles de la Haute Autorité de Santé : « Comment mieux informer les femmes enceintes ? », avril 2005. Paragraphe 7.3 Risques infectieux alimentaires. Page 14
• ANSES – Page « Toxoplasmose », décembre 2012
• Santé publique France – Dossiers « Salmonellose », avril 2022, et « Listériose », avril 2020
• Institut Pasteur – Fiches maladie « Salmonellose », juin 2021, et « Listeriose », juin 2021