Se préparer à devenir parent ?

La semaine dernière, j’ai eu un échange très intéressant avec Corinne Taillefait, sage-femme coordinatrice à la PMI des Deux-Sèvres, suite à sa lecture de mon livre dont elle parle ici. Notre discussion m’a inspiré plusieurs réflexions dont une sur notre manière de nous préparer à devenir parent aujourd’hui.

Comment se préparer à devenir parent ?

Sage-femme, puéricultrice et conseillère conjugale et familiale, Corinne a un bagage professionnel pluridisciplinaire qui lui donne une vision large de ce que traversent aujourd’hui ceux qui deviennent parents. Aussi mère et grand-mère, elle a vécu tout cela personnellement… et a de l’expérience et du recul sur les véritables grands enjeux qui se jouent à ce moment de nos vies.

Notre conversation a beaucoup tourné autour de la question de comment se préparer à devenir parent. Après tout, c’est un postulat de l’existence de mon livre. Bref, tu vas devenir parent ! se veut précisément un accompagnement dans cette traversée !

Pour sortir de mon prisme, j’ai donc commencé par demander à Corinne ce qu’elle, dans son quotidien, observait chez les parents aujourd’hui.

Le rapport au contrôle

On a la chance de choisir de faire un enfant ou pas

Sa première réponse a été ébauchée par deux expressions. Elle m’a parlé de parents “en recherche de solutions, de méthodes” et a complété : “[comme si l’arrivée de l’enfant devait être] quelque chose qui ne bouscule pas trop“. Et cela a résonné.

C’est vrai que nous cherchons comment faire face à de gros challenges :

  • comment être des super parents (en particulier, toujours disponibles et empathiques),
  • comment concilier le pro et le perso,
  • comment revenir au top de sa forme au plus vite et “rester femme” en étant mère,
  • comment caler l’enfant pour reprendre ses activités, ses sorties entre amis, ses afterworks,
  • etc.

Et puis, faire un enfant aujourd’hui, c’est souvent quelque chose que l’on choisit. La contraception et l’IVG nous permettent de choisir le timing. La PMA nous soutient quand les choses ne se font pas d’elles-mêmes. On parle de “projet de grossesse” en consultation pré-conceptionnelle, on est “en essais bébé” quand on parle avec nos plus proches ou sur les réseaux. Dans ce contexte, les bébés surprise deviennent de telles raretés qu’on en vient presque à demander aux concernés de se justifier !

Ensuite, les progrès médicaux réduisent les risques de la grossesse et de l’accouchement au minimum. L’aléa devient si discret qu’on l’oublierait presque.

Du projet bébé au bébé-projet

Avec cela en tête, j’ai spontanément dit à Corinne : “oui, aujourd’hui, on fait presque des bébés-projets“. Et comment ! Nos bébés désirés, au timing choisi, se conçoivent presque comme des projets personnels. Heureusement qu’à l’arrêt de la contraception, Mère Nature est là pour nous rappeler que c’est elle qui décide et que notre rôle consiste bien à ne rien faire et patienter ! (Ici, quelques points de repère et conseils pratiques pour patienter, justement.)

Le recours actuel au projet de naissance en est aussi une excellente illustration. On veut tellement contrôler les choses qu’on tente parfois de baliser des choses éminemment imprévisibles. L’accouchement est un des grands moments de la vie qui ne s’anticipent pas et pendant lesquels il faut surtout suivre le mouvement.

Et puis… on se projette. On parle choix éducatifs avec son conjoint, on questionne nos héritages respectifs, on affirme des principes et des valeurs. Vous avez déjà lu quelque part cette phrase : “Avant, j’avais des principes ; maintenant, j’ai des enfants.” ? Alors que reste-t-il de ces préparatifs si enthousiastes ?

On élève un enfant, il élève aussi ses parents

In fine, Corinne et moi nous sommes retrouvées sur cette formule. On investit tant notre rôle éducatif quand on devient parent, qu’on peut se laisser surprendre par combien nos enfants nous font devenir meilleurs, nous.

Ce week-end au petit-déjeuner, je faisais remarquer à P’tit Gars (3 ans 1 mois) à quel point il grandit en ce moment. Il est en train de faire plusieurs grosses acquisitions et je tenais à m’assurer qu’il en soit conscient et qu’il puisse être fier de lui-même. Il m’a alors rétorqué :
Toi aussi, tu grandis, maman.
(Ahem !) “Eh oui, c’est vrai, moi aussi, je continue d’apprendre tous les jours. Et en quoi tu trouves que je grandis en ce moment ?
Tu joues mieux avec nous.

Je vois très bien ce qu’il veut dire. La tête toujours pleine de projets, d’objectifs et de choses à faire, vivre avec deux enfants en bas âge me confronte à la manière dont je choisis de passer mon temps. A toujours vouloir avancer le plus / mieux possible, j’en oublie que je pourrais aussi passer plus de temps à simplement m’amuser et rechercher un plaisir plus simple et plus immédiat. Comme le font naturellement les enfants.

Quand on dit que la vérité sort de leur bouche !

Et il faut croire que ces derniers temps, j’ai un peu progressé sur la recherche du juste milieu grâce à eux. CQFD.

Le rapport à l’échec

Vouloir réussir trop nous rend intolérants à l’échec

Un peu plus tard dans la conversation, Corinne me disait qu’il y avait aussi autre chose qui se tramait chez les futurs / jeunes parents aujourd’hui autour de la notion d’échec.

C’est là quelque chose de plus large, plus ancré culturellement. Les anglosaxons valorisent plus volontiers que nous l’échec. Le “fail fast” est même une bonne pratique en gestion de projet. En effet, plus souvent on échoue, plus souvent on apprend quelque chose !

Le parent parfait, un mythe

A vouloir tout concilier, tout réussir, montrer qu’on est de super parents, collègues, amis, le tout en même temps, on n’apprend pas (on désapprend ?) à s’autoriser l’échec.

Or, en matière de parentalité, l’échec est inévitable. Etre parent, c’est trop complexe, c’est trop exigeant, c’est juste trop pour qu’une personne aussi volontaire, préparée et aimante soit-elle puisse y arriver à tous les coups. C’est le lot des parents.

Heureusement qu’il y a l’échec

Alors autant apprendre à vivre avec !

En plus, il y a du très bon à ça. Qu’est-ce que ce serait pour vos enfants de vivre avec des parents parfaits ? Vous imaginez, si vos parents étaient parfaits, la pression que ce serait d’être la descendance de cette image inaccessible, vouée à rester éternellement “pas à la hauteur” ? (Certains d’entre vous ont ou avaient cette impression, je sais.) Et comme vous voulez le meilleur pour vos enfants, vous ne voulez pas ça ! 🙂

Outre le soulagement d’éviter cette vision d’horreur, admettre face à nos enfants que nous ne sommes pas parfaits nous offre l’opportunité de leur montrer comment s’améliorer.

  • Mince, j’ai fait une bêtise, je dis “pardon”.
  • Aïe, j’ai fait mal à quelqu’un, je vais lui chercher un sachet froid pour éviter une bosse.
  • Arg ! J’ai décidemment pété un câble, je le remarque et vais me mettre à l’écart le temps que ça redescende.

Comment nos enfants pourraient-ils apprendre tout cela si nous ne leur donnions jamais l’occasion de l’observer chez nous ? Et quel cadeau pour la vie que de savoir rebondir après un échec !

Est-ce vraiment possible de se préparer à devenir parent ?

Se préparer pour que ça ne secoue pas ? Non. Impossible. Je pense que des générations et des générations de l’humanité passées par là avant nous sont d’accord là-dessus. L’expérience est éminemment transformatrice. Or, une transformation profonde ne se fait pas sans heurts.

Alors finalement, vouloir préparer sa parentalité, est-ce que c’est vain ? Honnêtement, venant juste de clore trois ans de travail sur mon livre, c’est une hypothèse que je ne suis pas tout à fait prête à accepter ! 😉 J’ai donc trouvé une astuce pour répondre “non” à coup sûr. Et si vous êtes en train de devenir parents, j’imagine que ma réponse vous conviendra aussi.

En devenant parents, on apprend à lâcher du lest et à accepter l’échec. Et on peut difficilement aplanir la montagne avant. Mais peut-on éviter de rendre le chemin plus ardu ?

En sachant mieux à quoi s’attendre, on peut éviter de se créer des attentes irréalistes, partir dans des projections trop décorrélées de la réalité qui font le lit de douloureuses déceptions. Les écrits d’autres personnes ne vous feront pas grandir comme l’expérience elle-même.

En revanche, ils peuvent vous indiquer les sentiers les plus praticables et vous faire éviter quelques pièges sur le chemin. Lorsqu’on prévoit une randonnée en montagne, rien n’interdit de repérer son itinéraire et d’écouter d’autres randonneurs avant de prendre le départ… N’est-ce pas ?

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