Pourquoi et comment organiser activement sa préparation à la naissance ?
L’attente d’un enfant est une période de grands bouleversements. Pour accompagner les futurs parents, il existe en France un dispositif précieux : la préparation à la naissance et à la parentalité (PNP). Mais son efficacité dépend beaucoup de la manière dont on s’en empare.
Dans cet article, je vous explique comment fonctionne la préparation à la naissance et à la parentalité, quelles sont ses limites, et surtout comment vous organiser pour en tirer le meilleur parti.

La préparation à la naissance et à la parentalité : un dispositif utile mais imparfait
La PNP, qu’est-ce que c’est exactement ?
Mise en place en 2005 sur recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS), la préparation à la naissance et à la parentalité est un accompagnement proposé aux futurs parents. Il poursuit trois objectifs principaux :
- informer les parents pour les accompagner dans le devenir parent ;
- repérer les vulnérabilités des futurs parents pour adapter l’accompagnement si nécessaire ;
- améliorer la coordination entre les différents professionnels de santé qui vous suivent, avant et après la naissance.
Concrètement, la PNP se compose de huit séances remboursées par la Sécurité sociale, assurées par un médecin ou une sage-femme et d’une durée minimum de 45 minutes. Parmi ces séances, l’entretien prénatal précoce (EPP) est devenu obligatoire en mai 2020, tandis que les sept autres séances restent facultatives.
Ces séances peuvent prendre différentes formes : cours pratiques, préparation physique, échanges sur la parentalité… Les sujets abordés et les angles adoptés sont très variés :
- Cours théoriques et pratiques sur :
- la physiologie de la grossesse et de la naissance
- la gestion de la douleur et du stress, en particulier pendant l’accouchement
- les protocoles médicaux autour de la grossesse et des suites de couches
- les soins au nouveau-né, allaitement, portage
- visite de la maternité
- mais aussi relaxation, sophrologie, yoga prénatal, haptonomie…
Un système vertueux qui montre certaines limites
Si la PNP est une grande chance offerte aux futurs parents en France, particulièrement pour les familles les plus vulnérables, plusieurs facteurs en limitent l’efficacité.
Des contraintes organisationnelles
Premièrement, l’accès aux séances n’est pas toujours évident : horaires incompatibles avec une activité professionnelle, cours réservés à certaines périodes de la grossesse ou du post-partum, présence du co-parent exigée ou refusée… Ces contraintes organisationnelles peuvent vous rendre inaccessibles certains cours que vous aimeriez avoir.
Pour notre première grossesse par exemple, les séances concernant l’après-naissance n’étaient accessibles que pendant le séjour en suite de couches à la maternité. Et chacune d’entre elles n’était tenue qu’une fois par semaine. Il se trouve que j’ai accouché un vendredi soir et suis sortie le lundi après-midi suivant. Aucune séance n’avait lieu le week-end, je n’en ai donc eu aucune. Et quand bien même elles auraient eu lieu pendant mon séjour, malgré des suites de couches sans complications, je n’aurais pas été capable physiquement de traverser l’étage ou d’en changer pour m’y rendre.
Une liberté de choix qui peut nous laisser passer à côté de l’essentiel
Ensuite, si la liberté de choix des séances est appréciable, l’absence de parcours structuré peut faire passer à côté d’informations essentielles. Il me semble que c’est d’autant plus vrai avec la tendance actuelle de vouloir s’approprier son accouchement, quitte à se fermer à certains apports utiles.
Dans la maternité où est né notre aîné, le cours sur l’accouchement comportait une partie sur les naissances qui se compliquent. J’ai trouvé très pertinent que cela soit abordé. Même si on n’aime pas tellement se projeter sur ces cas de figure, toute naissance peut subitement se compliquer. Et lorsque les choses s’accélèrent, le vécu risque moins d’être traumatique si la situation a été abordée avant. Ces apports extérieurs révèlent tout leur intérêt au moment d’écrire votre projet de naissance, si votre maternité vous le demande ou si vous souhaitez en préparer un.
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La préparation à la parentalité au second plan
Enfin, la préparation au post-natal reste le parent pauvre de la PNP. Pourtant, c’est à long terme ce qui aide le plus les jeunes parents.
Les séances proposées se concentrent historiquement beaucoup sur la préparation à l’accouchement et en particulier la gestion de la douleur. De cela à des séances centrées sur améliorer le confort physique pendant la grossesse, quitte à ne pas avoir d’impact sur la préparation de la naissance elle-même, il n’y a qu’un pas.
Et cette attention portée à la prochaine étape (l’accouchement) ou celle en cours (la grossesse) se fait au détriment de la suite : la vie quotidienne avec un nouveau-né, des parents tout neufs et une femme en post-partum. Ainsi, les séances de PNP abordent peu des sujets essentiels comme le rythme de sommeil et l’alimentation du nouveau-né, les grandes étapes du développement psychomoteur des premiers mois, ou encore les sujets à surveiller à la maison les premières semaines (courbe de poids, selles, prévention de la MSN, etc.).
Pour le mémoire d’une sage-femme issue de l’École de sages-femmes de Clermont-Ferrand, une femme témoigne : « J’ai choisi ce qui me faisait plaisir sur le moment, mais avec le recul, j’aurais dû me concentrer sur d’autres aspects« .
Guillaume l’avait pressenti avant moi. Pour ma part, j’étais heureuse de vivre chaque étape dans le présent et m’attendais (un peu naïvement) à trouver au moment voulu les informations dont j’aurais besoin en tant que toute jeune maman. Dans les faits, une fois la grossesse et la naissance passées, entre la récupération de l’accouchement et l’intensité de la vie avec un nouveau-né, nous nous sommes souvent trouvés un peu démunis et bien seuls face à notre bébé. J’aimerais vous éviter cela.
Comment s’organiser pour tirer le meilleur de sa préparation ?
Alors comment s’y prendre ? Comment faire pour profiter au mieux de cette chance que nous avons d’avoir un système de préparation à la naissance et à la parentalité en France ? Comment utiliser tout son potentiel ?
Définir ses priorités
Pour une première grossesse, voici une répartition indicative des sept séances hors EPP :
- 2 séances pratiques sur la naissance et les suites de couches avec la maternité
- 3 séances sur la vie quotidienne avec un nouveau-né
- 2 séances pour approfondir des sujets qui vous préoccupent particulièrement
Les séances avec la maternité sont essentielles pour connaître les modalités pratiques : quand partir pour l’accouchement, où se présenter en arrivant dans le bâtiment (si Bébé arrive vite, je peux vous assurer que vous serez reconnaissante de ne pas avoir à marcher 50m de plus parce que vous vous êtes trompés de porte !), qui appeler en cas de doute, que prévoir dans la valise…
Privilégiez aussi les séances sur l’après-naissance, même si cela vous semble moins urgent pendant la grossesse. A la maternité, même si les besoins de bébé peuvent être déroutants, il suffira de sonner et quelqu’un passera dans les 10 minutes ou dans l’heure selon l’activité. Mais une fois rentrés à la maison, il faudra prendre rendez-vous, se déplacer sur place ou obtenir une visite à domicile dans 24h, 48h ou 72h. Et lorsqu’on vit avec un nouveau-né, cela peut sembler une éternité. Avoir déjà des repères vous sera précieux au quotidien.
Laissez-vous quelques séances de marge pour aborder des thèmes plus spécifiques à vous. Par exemple, si vous :
- avez une peur bleue de passer en césarienne,
- n’êtes pas sûre de vouloir une péridurale… ni de supporter la douleur sans aide médicale,
- craignez ou ne souhaitez pas allaiter et voulez anticiper comment gérer cette situation,
cherchez des séances susceptibles de répondre à vos questions. Cela vous aidera à vous apaiser et à prendre des décisions bien informées.
Pour une grossesse suivante, les besoins dépendent davantage encore de votre expérience précédente. Notez qu’une petite piqûre de rappel sur les informations pratiques de la maternité voire sur l’accouchement et le post-partum reste souvent utile.

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Identifier l’offre accessible
Une fois que vous avez une première idée des thèmes que vous voudrez aborder, n’hésitez pas à :
- vous renseigner auprès de plusieurs sources : maternité, médecin ou sage-femme de ville, PMI…
- écouter leurs recommandations pour vous (et faire ensuite vos choix librement),
- panacher les intervenants selon les thèmes,
- vous inscrire tôt, certaines séances étant très demandées.
Ajuster au fil de l’eau
Une fois les premières séances réservées, restez flexible dans votre organisation. Notez vos questions pour les aborder avec les professionnels concernés d’un rendez-vous à l’autre. Vous pouvez obtenir certaines réponses sans attendre la séance dédiée. Et réévaluez vos besoins régulièrement pour modifier votre programme si nécessaire.
En bref, prendre en main sa préparation pour mieux vivre l’arrivée de Bébé
La préparation à la naissance et à la parentalité est une ressource précieuse, mais son utilité pour vous dépend de votre investissement.
- Adopter une posture proactive permet d’en tirer le maximum.
- Une bonne anticipation favorise un meilleur vécu, tant pour l’accouchement que pour le post-partum.
En anticipant et en organisant votre préparation selon vos besoins, vous pourrez vivre la naissance et les premières semaines avec plus de sérénité.
A lire sur les préparatifs de naissance
Mes sources
- HAS – Recommandations professionnelles « Préparation à la naissance et à la parentalité (PNP) », novembre 2005
- Code de la Santé publique, article L2122-1
- Anne-Laure CASSARD. École de sages-femmes de Clermont-Ferrand, Université d’Auvergne – Clermont I. Mémoire « La préparation à la naissance et à la parentalité : répond-elle vraiment aux attentes des femmes ? ». Médecine humaine et pathologie. Soumis le 9 juin 2017
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