Quel risque de fausse couche par semaine ?
A peine enceinte, on vous dit de redescendre du nuage de joie parce qu’ “attention, ça pourrait mal se passer”. La crainte de la fausse couche est un poids énorme pour les futur(e)s mamans et parents qui ne demandent qu’à se réjouir de la bonne nouvelle. Il est temps de clarifier ce qu’il en est du vrai risque de fausse couche semaine par semaine !
Lors de nos premiers essais bébé, dès que notre test de grossesse s’est révélé positif, nous avions envie de partager la bonne nouvelle à tous nos proches. Sans compter que les premiers symptômes la rendaient difficile à masquer.
Alors nous nous sommes demandé : “Faut-il vraiment cacher sa grossesse de crainte de faire une fausse couche ?“.
Le risque de fausse couche baisse très vite en début de grossesse
15% de fausses couches, un amalgame
En quelques clics sur internet, on comprend vite que “15% des grossesses se soldent par une fausse couche”. Flippant !
Une étude récente* le confirme : 15,3% des grossesses reconnues se soldent ainsi. Mais quand on creuse un peu plus**, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une moyenne.
Le risque de faire une fausse couche décroit en fait très rapidement à mesure que la grossesse avance. Une courbe décroissante avec une moyenne à 15% implique que le début de la courbe soit très haut.
C’est quand même bien différent de ce qu’on imagine habituellement, non ?
Avant la nidation, 50% de fausses couches
Pour commencer, la notion qu’environ 50% des ovules fécondés ne s’implantent pas fait consensus*** dans le monde médical. Or, la nidation déclenche l’interruption du cycle menstruel. Lorsque l’ovule fécondé ne s’implante pas, les règles démarrent en fin de cycle et évacuent cet œuf.
La grossesse a démarré mais ne s’est pas bien déroulée et s’est terminée avant même que l’on s’en aperçoive.
A deux mois de grossesse, le pourcentage de fausse couche est proche de 0%
Une étude australienne de 2008**** m’a quant à elle mieux permis de répondre à mes questions de femme nouvellement enceinte : quel est le risque que je fasse une fausse couche à ce stade ?
Ainsi :
- à 1 mois de grossesse, vous avez moins de 10% de risques de faire une fausse couche.
- Et à 2 mois de grossesse, près de 0%.
Voilà de quoi souffler et réduire un peu le stress qu’on peut avoir quand on pense à la fausse couche en début de grossesse !
Comme moi à ce moment-là, vous n’auriez pas imaginé ça ? Malgré toute l’information disponible sur la grossesse, il y a beaucoup de choses importantes qu’on ne nous dit pas ou qu’on ne nous aide pas à anticiper.
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Risque de fausse couche et annonce de grossesse
Revenons au véritable risque de fausse couche, qui décroit ainsi bien plus vite que ce que l’on nous dit souvent. Faut-il donc annoncer sa grossesse avant les fameux trois mois ?
Si vous n’attendiez qu’à cause de ce on-dit “attendez 3 mois, on ne sait jamais“, oui ! Laissez libre cours à votre envie de partager votre belle nouvelle.
En revanche, il peut y avoir d’autres réflexions qui jouent pour décider d’avancer ou reporter cette annonce. Par exemple, souhaitez-vous :
- attendre certains résultats médicaux ? Certains peuvent ouvrir le droit à l’interruption médicale de grossesse, en particulier le dépistage de la trisomie 21 lors de l’échographie du premier trimestre.
- être entourés de proches au courant si les choses devaient mal se passer pour cette grossesse ?
- garder cette information qui chamboule tout pour vous quelques temps ou au contraire, avoir un maximum de conseils de vos proches tout de suite ?
- en faire l’annonce en fonction d’autres éléments de calendrier privés ou professionnels qui ne concernent que vous ?
- respecter un ordre en annonçant la nouvelle à certains très proches avant d’autres un peu moins proches ?
- etc.
Comment avons-nous vécu le risque de fausse couche ?
Quant à nous, nous étions à la fois conscients que le risque zéro n’existe pas et rassurés par ces statistiques. Nous avons donc commencé à l’annoncer à nos plus proches vers 8 SA puis en fonction de la proximité et des opportunités.
Ce qui a depuis été résumé en “fausse couche, vrai vécu” était aussi un argument. Nous sommes assez transparents sur notre vie privée, nous préférions que nos proches puissent nous soutenir si un malheur devait se produire.
Cela a été merveilleux de voir le bonheur des gens à qui nous l’annoncions et nous appréciions à chaque fois de n’être pas en décalage avec eux. Pour nous aussi, c’était tout nouveau. Pour nous aussi, il restait encore toute la grossesse devant nous. Elle paraissait bien longue dans l’impatience du moment ! Pour nous aussi, c’était incroyable de savoir que, cachée entre mes organes, se développait une petite vie qui formerait bientôt un être humain nouveau, unique et qui créerait peu à peu ses propres liens avec nos cercles familiaux et sociaux.
En parallèle, nous nous disions aussi que taire le risque de fausse couche en début de grossesse contribuait à donner une image fausse des essais conceptionnels. Cela ne marche pas toujours du premier coup et c’est totalement normal. A n’entendre parler des fausses couches qu’une fois qu’on lance les essais, on s’expose à de grandes désillusions et frustrations…
Bref, le choix est celui des futurs parents. En aucun cas, il ne devrait être lié à un tabou !
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En résumé
Quand vous voulez ! Si c’est la peur de la fausse couche qui vous retient, sachez que dès deux mois de grossesse, le pourcentage est proche de 0% si vous avez déjà entendu le cœur de l’embryon.
Le risque diminue très rapidement en début de grossesse. : il atteint ~10% à 6 SA. Et il est proche de 0% à deux mois de grossesse, si vous avez déjà entendu le cœur de l’embryon.
Même si vous lisez partout que 15% des grossesses se soldent par une fausse couche, ce chiffre est une moyenne. La part de fausses couches est élevée (50%***) dans la première semaine de grossesse, donc avant 3 SA. Le pourcentage baisse en revanche très rapidement jusqu’à être proche de 0% si vous avez atteint deux mois de grossesse (9-10 SA) et déjà entendu le cœur du futur bébé.
Si vous avez atteint 7 SA et avez déjà entendu le cœur, le risque est inférieur à 5%.
Si vous avez atteint 8 SA et avez déjà entendu le cœur, le risque est de l’ordre de 1,5%.
Si vous avez atteint 9 SA et avez déjà entendu le cœur du futur bébé, le risque est de l’ordre de 0,5%.
Si vous avez atteint les deux mois de grossesse et avez déjà entendu le cœur du futur bébé, le risque est inférieur à 0,5%.
A lire en début de grossesse
Mes sources
*The Lancet, “Miscarriage matters: the epidemiological, physical, psychological, and economic costs of early pregnancy loss“, mai 2021
**Ma première bonne lecture sur le sujet fut un article vraiment déstressant de Béatrice Kammerer sur Slate.fr. “Grossesse : au moins 7 bonnes raisons (scientifiquement prouvées) de ne pas s’inquiéter“, 21 septembre 2017
*** Pour être exacte, je n’ai pas réussi à remonter à l’origine scientifique de ce chiffre. Pour autant, il est largement repris par des organismes vulgarisateurs et par des professionnels de la santé / fertilité. Je le considère ainsi assez fiable pour l’évoquer ici et retenir l’ordre de grandeur qu’il propose.
****Stephen TONG, Anupinder KAUR, Susan P. WALKER, Valerie BRYANT, Joseph L ONWUDE, Michael PERMEZEL. Mercy Hospital for Women, Department of Obstetrics and Gynecology, Université de Victoria (Australie). Étude « Miscarriage risk for asymptomatic women after a normal first-trimester prenatal visit », mars 2008