Sommeil de Bébé : comment lui faire faire ses nuits ?

Le sommeil de Bébé est un étonnant point de rencontre entre votre épuisement et les attentes parfois insensées des proches. Que faire ? Attendre que ça vienne, le laisser pleurer ? Les deux sont difficiles voire impossibles à mettre en place. Comment vraiment gérer le sommeil de Bébé ?

Crédit photo : Tamaki Sono
https://www.flickr.com/photos/tamakisono/1653427390/

Un bébé qui “fait ses nuits”, le Graal du jeune parent

Toute ressemblance avec du vécu serait purement fortuite…

Jour 10, vous êtes rentrés à la maison depuis pile une semaine et Tatie ou Mamie ou Copine-Parfaite vous appelle pour savoir comment vous allez. Vous n’êtes pas prête à faire la conversation. Mais c’est gentil. Alors vous décrochez.

Au bout de trois minutes, la question est posée : “Alors, est-ce qu’il fait ses nuits ?

Un instant passe. C’est tellement loin de votre réalité, comment répondre ? Votre réalité, c’est celle où vous dormez aussi peu la nuit que le jour, où les repas de Bébé s’enchaînent toutes les 2-3 heures, où vous commencez à vous dire que vous aussi, finalement, vous êtes dépassée par un petit être de quelques kilos. Vous ne croyiez pas que ça vous arriverait. Et puis, finalement…

Euh, non, pas encore… Mais tu sais, il est encore très petit, ça viendra.

Quelques minutes plus tard, vous raccrochez. Et vous vous dites que oui, vraiment, ce serait teeeeeellement bien qu’il fasse ses nuits !

Pourquoi la consolidation du sommeil de Bébé est importante ?

Au-delà de cette bien-pensante pression de vos proches, vous constatez en effet que ces nuits découpées vous épuisent. Cela fait plusieurs décennies que votre sommeil nocturne à vous est pleinement consolidé. Vous réveiller et vous rendormir plusieurs fois par nuit vous coûte cher. C’est bien sûr désagréable et cela se ressent aussi petit à petit sur votre quotidien, l’ambiance à la maison, etc.

Si en plus, vous posez la question à votre médecin ou pédiatre, il vous répondra que cela sert aussi à :

  • éviter la suralimentation de Bébé. S’il multiplie les repas la nuit, il pourrait finir par manger trop et grossir trop vite ;
  • préserver le sommeil de Bébé. A mesure que l’enfant grandit, son sommeil nocturne se consolide naturellement. Si l’on maintient des repas nocturnes quand il n’en a physiologiquement plus besoin, on dégrade sa qualité de sommeil naturelle.

Donc oui, Bébé qui fait ses nuits, c’est à la fois le sens de l’histoire et l’objectif à atteindre. Le tout autant pour son bien-être que pour le vôtre.


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Sommeil de Bébé : qu’est-ce qui est normal ?

Jeune parent, a fortiori quand c’est la première fois, on est souvent en quête de repères. Qu’est-ce qui est normal ?

Nous avons été surpris de constater combien ce sujet ô crucial pour les parents est peu étudié. A force de recherches, j’ai fini par trouver une étude américaine publiée par l’Académie Américaine de Pédiatrie fin 2010*. Elle donne quelques ordres de grandeur sur la consolidation du sommeil nocturne des bébés.

“Faire ses nuits”, c’est quoi ?

Cette étude s’intéresse à trois définitions de “faire ses nuits” :

  1. Sommeil ininterrompu entre minuit et 5 h du matin
  2. Sommeil ininterrompu pendant 8 h d’affilée
  3. Sommeil ininterrompu entre 22 h et 6 h du matin

C’est la troisième définition que les auteurs retiennent comme la meilleure car la plus proche des enjeux d’une vie familiale.

Quand est-ce que Bébé consolide son sommeil ?

Elle recense ensuite à quel âge des enfants de moins d’un an parviennent à consolider leur sommeil selon chaque définition. Les résultats synthétiques de l’étude sont restitués par le graphique très simple qui suit :

Rythme de consolidation du sommeil du bébé, mois par mois
Etude “Sleeping Through the Night: The Consolidation of Self-regulated Sleep Across the First Year of Life”, novembre 2010

Ces résultats indiquent que le sommeil des bébés se consolide très rapidement dans les quatre premiers mois de vie. On constate aussi qu’aucun bébé d’un mois ou moins ne faisait ses nuits dans l’échantillon étudié… Cela a de quoi rassurer tous les parents qui ont eu Tatie, Mamie ou Copine-Parfaite au téléphone jour 10 !

Et soyons honnêtes, si les premières semaines de la vie avec Bébé sont difficiles, ce n’est pas qu’une question de manque de sommeil ou d’injonctions excessivement culpabilisantes. C’est aussi et tout simplement parce que c’est dur. Dur d’apprendre à s’occuper d’un nouveau-né, dur que de nouveaux problèmes émergent à peine les solutions aux premiers trouvées, dur parce qu’on ne sait pas à quoi s’attendre, on plonge dedans d’un coup et souvent, on se fait submerger.

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Sommeil de Bébé : est-ce qu’on peut faire quelque chose ?

Ce que notre étude américaine ne dit pas, c’est ce qui provoque ou empêche, favorise ou défavorise l’établissement du sommeil nocturne.

Notre épiphanie

P’tit Gars avait près de 15 mois quand nous avons compris que nous faisions fausse route.

Il mangeait une à trois fois par nuit sans grossir, nous nous disions donc que cela devait être normal pour lui. Nous avions pris nos habitudes la nuit et les suivions, une nuit après l’autre. Nous recevions de temps en temps des remarques un peu culpabilisantes sur le sujet. Elles auraient peut-être dû nous mettre la puce à l’oreille ! Mais parce que nous les entendions depuis les premiers jours et parce qu’elles ne s’accompagnaient jamais de solutions concrètes, nous faisions de notre mieux pour passer outre et prendre notre mal en patience.

C’est alors que nos actualités professionnelles, très chargées jusque là, nous ont laissé un répit. Dans ce moment de décompression, nous avons constaté que nous étions épuisés… et que P’tit Gars l’était aussi. Cela nous a fait un électrochoc. Nous devions trouver des solutions !

Non seulement on peut, mais on doit aider Bébé à faire ses nuits

Nous nous sommes alors tournés vers des spécialistes empiriques du sommeil des tout-petits : des parents expérimentés, des “coachs” en sommeil des bébés.

Il s’est avéré que le sommeil de Bébé n’est pas une fatalité : nous pouvions y faire quelque chose ! Il y avait bien des choses à faire et d’autres à éviter pour aider P’tit Gars. Immense soulagement.

Et même, nous devions y faire quelque chose. Les bonnes habitudes de sommeil s’apprennent. Or, sur le sujet du sommeil comme sur les autres, les parents ont leur rôle à jouer pour guider leur enfant dans cet apprentissage. Et des choses à éviter, nous en faisions ! Il n’y avait plus qu’à.

Sommeil de Bébé : place à l’action !

Quelques principes généraux

Un blog**, un livre*** et une méthode**** ont successivement été sources d’inspiration pour nous. Ils ne se rejoignent pas sur tous les points mais des grands principes se dégagent.

En voici notre synthèse :

  • Le sommeil s’apprend.
  • C’est le rôle des parents que de guider l’enfant dans l’apprentissage du sommeil (comme dans tout autre apprentissage).
  • Le bébé rejoint une famille, il en est une partie et non le centre, même s’il est le premier enfant.
  • L’objectif à rechercher est une nuit de 11 h ou 12 h sans intervention des parents, assortie de deux siestes de 1 h à 2 h.
  • L’indicateur de succès est un bébé et des parents reposés et sereins concernant les temps de sommeil ou de repos.
  • Il y a des prérequis physiologiques et psychiques à l’apprentissage du sommeil par un bébé. En particulier, le bébé doit :
    • avoir au moins 1 mois, de préférence 2 mois (hors prématurité),
    • peser au moins 4 kg
    • et manger assez (au moins 700 ml de lait par 24 h roulantes).
  • C’est aux parents de mettre l’enfant dans les bonnes conditions pour qu’il s’endorme. Il doit être fatigué, au calme et en sécurité, bien nourri, propre et sec, n’avoir ni trop chaud ni trop froid, etc.

C’est quoi le plan ?

L’apprentissage se fait par étapes. Celles que nous avons retenues sont les suivantes :

  • De la naissance à 4 à 8 semaines, ne pas prendre l’habitude d’endormir dans les bras ou au sein. Installer progressivement des repas espacés de 2 h 30 à 3 h.
  • À partir de 4 à 8 semaines, établir 4 repas par jour espacés de 3 h 30 à 4 h. L’objectif sera d’établir une période de jeun nocturne de 12 h).
  • Supprimer progressivement les repas nocturnes en s’assurant que ce qui n’est plus pris la nuit l’est en journée.
  • Mettre en place l’endormissement seul. Cela signifie que les parents sortent de la pièce avant que l’enfant soit endormi. Ainsi, ils n’ont plus à intervenir en cas de réveil : pas de remise de tétine, de biberon, de change ou de câlin.
  • Mettre en place deux siestes par jour : une le matin, l’autre en début d’après-midi.

Et concrètement au jour le jour ?

Toute cette démarche consiste à structurer le temps de la journée de Bébé. Il va s’agir de placer (et donc déplacer) progressivement les repas et sommeils aux moments que vous aurez choisis.

Pour cela, il faut au cas-par-cas user de tactiques pour faire patienter ou inciter l’enfant à faire ce que vous voulez qu’il fasse. Et de manière générale, usez et abusez des routines pour l’informer de la suite des évènements, puisque vous ne pouvez pas encore simplement le lui dire.

Retenez que :

  • Les parents disposent de nombreux petits outils pour divertir ou apaiser l’enfant. Il faut les utiliser lors de ces étapes de l’apprentissage pour le faire patienter jusqu’à un repas ou l’inciter à se mettre au calme et à dormir.
  • La routine du coucher est une aide majeure pour signifier à l’enfant qu’il est l’heure de dormir.
  • Les routines du quotidien sont des repères intellectuels pour l’enfant. Cela lui permet d’anticiper l’avenir proche avant qu’il ne soit capable de comprendre le langage ou l’heure qu’il est.
  • Ce sont de plus des aides au niveau physiologique. L’organisme de l’enfant se cale en effet peu à peu sur des rythmes à mesure qu’ils se répètent.

Est-ce que c’est efficace ?

A 15 mois, P’tit Gars a fait sa première nuit de 12h d’affilée le soir où nous avons annoncé les changements. En deux semaines, il faisait systématiquement des nuits complètes et s’endormait et se rendormait seul. Et surtout, il se réveillait en forme et de bonne humeur.

Plus expérimentés la deuxième fois, nous avons été beaucoup plus vigilants sur les risques de mauvaises habitudes (endormissement dans les bras ou au sein) avec P’tite Nana. Pour autant, nous n’avons pas cherché à appliquer strictement le plan décrit plus haut. Nous cherchions plutôt à en respecter l’esprit général. Finalement, P’tite Nana dort de 19h à 7h sans interruption depuis ses 3 mois et demi, ce qui nous ravit.

Pourquoi les autres y arrivent sans tout ça ?

La consolidation du sommeil nocturne, l’espacement des repas et l’apprentissage de l’auto-réassurance sont des processus normaux du développement de l’enfant. Cela explique que pour de nombreux bébés, le fait de faire ses nuits vienne naturellement, sans effort particulier des parents.

Inversement, des pratiques et des mouvances très valorisées aujourd’hui orientent les parents vers des comportements défavorables à l’apprentissage d’un sommeil autonome.

Par exemple, l’allaitement au sein, le portage et le cododo induisent beaucoup de proximité physique. Cette proximité physique comble les besoins de l’enfant en matière de réassurance et d’aide à l’endormissement… ce qui ne l’incite en retour pas à développer ses propres stratégies et donc son autonomie sur ces sujets.

De la même façon, la parentalité bienveillante vise à éradiquer les violences éducatives ordinaires. Cela incite à son tour les parents à ne tolérer aucun pleur. Or répondre immédiatement à tous les pleurs, c’est aussi priver l’enfant d’opportunités de se rendre compte qu’il peut s’apaiser par ses propres moyens.

Notre conclusion n’est pas de revenir à des méthodes d’éducation antérieures qui ne tiendraient pas compte des bienfaits de ces pratiques. En revanche, il est important d’être conscient de leurs limites afin d’éviter de laisser s’installer des situations de confort et des habitudes défavorables aux processus d’apprentissage qui se mettent en œuvre naturellement. Être conscient des risques de dérive de ces bonnes pratiques permet de guider son enfant vers un sommeil autonome tout en les appliquant.

A retenir : vous avez la main sur le sommeil de Bébé !

Si vous ne retenez qu’une chose de cet article, gardez l’idée que l’âge auquel votre enfant fera ses nuits n’est pas une fatalité. Vous avez la main pour le guider vers un sommeil nocturne consolidé et autonome.

C’est même à nous, parents, de mettre nos enfants en situation de consolider leur sommeil nocturne. Si âgés de 3-4 mois, ils ne font pas leurs nuits, c’est que nous avons un ou plusieurs comportement(s) qui les en empêchent. Cela peut être parce que nous tenons à ces façons de faire, ou parce que nous ne nous rendons pas compte qu’elles gênent l’établissement de leurs nuits.

Si chez vous, il est temps que toute la famille dorme bien la nuit, il n’y a plus qu’à passer à l’action. Voici un guide pratique détaillé qui vous aidera à mettre en place les conditions pour que Bébé fasse ses nuits… et vous aussi ! 😉


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Mes sources

*Jacqueline M. T. HENDERSON, Karyn G. FRANCE, Joseph L. OWENS, Neville M. BLAMPIED. Article « Sleeping through the night: the consolidation of self-regulated sleep across the first year of life », novembre 2010 – L’échantillon de l’étude compte 75 enfants néo-zélandais, ce qui est trop faible pour faire des conclusions de cette étude une règle absolue. Cela reste à mon sens plus instructif que de s’appuyer sur les exemples de son entourage proche, qui se comptent le plus souvent sur les doigts de la main ou presque.

**Le blog Rêver s’éveiller, tenu par Esthel, maman de cinq enfants, convaincue de parentalité bienveillante… et pragmatique

***Suzy GIORDANO, Lisa ABIDIN. The baby sleep solution. Éditions Tarcher Perigee. Paru le 5 décembre 2006

****Articles variés sur les éléments de méthode présentés par Anna Wahlgren dans plusieurs de ses livres dont Au dodo les petits – Comment aider bébé à faire ses nuits avec plaisir

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